MAISONS MODERNES / VILLAS GEOMETRIQUES: PLUS DE COMPROMIS …

Dans le N°1 du « DDN LE MAGAZINE » qui est à l’heure actuelle presque épuisé, (voir mon billet du 7 septembre 2012), un long article avait été consacré aux
contraintes des approches différentes de la maison moderne et de la villa géométrique.
Ayant été souvent interpellé au sujet de celui ci de manière plus compréhensive que critique, et pour ceux
qui n’ont pas eu le loisir d’avoir eu un exemplaire de « DDN LE MAGAZINE ».il m’est apparu intéressant d’en rééditer ici l’ensemble !
Quelques propos sans concessions de ma part, à propos d’un sujet qui me tient beaucoup à cœur et dont je ressens
de plus en plus la nécessité de freiner certaines attitudes qui sont à l’encontre de l’élégance, qui doit pourtant rester l’une des plus impératives propositions de l’architecture moderne… Une
évidence en tout cas pour moi … En voici donc la totalité du texte:
MAISONS MODERNES / VILLAS GEOMETRIQUES

« Je ne veux plus faire de compromis là-dessus ! »

par Christian Paindavoine

Il y a un peu plus de 20 ans, la société Demeures du Nord faisait le pari de révolutionner le marché de la
maison individuelle en modernisant l’architecture des constructions des années 80-90 qu’elle jugeait trop « kitsch».
Des maisons de style traditionnel, ornées de détails de maçonnerie plus propres aux architectures de maisons
bourgeoises que campagnardes (Linteaux cintrés avec clefs,  modillons, marqueterie de briques). Etonnants et tristes mélanges !

Il fallait moderniser. Défier le temps pour offrir un cadre de vie qui soit en adéquation avec nos désirs
d’espace, de lumière et de modernité.
Offrir à nos enfants un lieu plus neutre afin que chacun puisse y « graver » sa propre empreinte, y créer son
propre décor !

ph-delattre-2.JPG

LA MAISON MODERNE ou l’interprétation contemporaine de l’architecture de
campagne

En créant son propre bureau d’architecture en 1991, Demeures du Nord s’engageait alors dans la modernité.

Cette interprétation contemporaine de la maison de campagne se devait d’être dorénavant créée en fonction du
site, de la lumière et de cette nouvelle notion d’art de vivre.
Défiant le temps par leur fascinante harmonie de lignes et de volumes, tournées vers la nature, ces maisons se
sont imposées comme un nouveau type d’habitat, trouvant leur équilibre par le jeu des contrastes raffinés, pour devenir très vite la référence dans la région.

« Si 20 ans plus tard une Demeures du Nord se reconnaît toujours,  nous développe son dirigeant
Christian Paindavoine, c’est aussi parce qu’elle s’est intégrée  fièrement dans le paysage sans désir de l’agresser. La bonne architecture n’est pas le résultat d’un simple concours
d’originalité : elle ne peut exister sans volonté d’élégance. 

Nous avons su aussi augmenter considérablement la notion de volumes de nos maisons et y « décupler » la
luminosité ! J’aime à dire : (…) pour en faire de véritables maisons de vacances !
»
DSCN1933copie.jpg

LA VILLA GEOMETRIQUE ou l’architecture universelle

Au tout début des années 2000, Demeures du Nord décide de « relancer » les villas géométriques appelées plus
communément maisons cubiques. La première verra le jour en 2004…

Dominique Joly, Directeur Technique, nous explique : « Pour ce nouveau challenge, il ne fallait pas se
tromper ! Nous avons d’abord établi un cahier des charges très rigoureux, afin d’anticiper avec notre bureau d’études toutes les contraintes structurelles propres à ce style d’architecture. Face
aux innombrables difficultés que présentent ces maisons, nous avons, avec nos architectes, consulté des ingénieurs en génie civil, et avons sollicité les meilleurs techniciens en
étanchéité.
..».

Rien de surprenant au fait que Demeures du Nord fut le premier à relancer cette architecture, qui viendrait
ainsi compléter définitivement sa proposition commerciale au travers de deux lignes distinctes : les maisons modernes et les villas géométriques !
Pour ces dernières, il ne s’agit en aucun cas d’une mode, mais d’un retour aux principes mêmes du BAUHAUS* qui,
dès le début du XXème siècle, définit les principes d’une architecture internationale débarrassée d’emprunts à des formes du passé : retour aux formes minimales, aux lignes géométriques et
fonctionnelles, et à l’emploi de techniques modernes.

DSCN1936copie.jpg

Christian Paindavoine est fier d’avoir pu relancer cette « grande idée » : « Au bout de quelques mois nous
avons vite été copiés. C’était bon signe, mais  aussi un danger! La maison géométrique ne s’improvise pas! Il y a tant de nécessités et de contraintes techniques à mettre en place… Il faut
aussi une grande maîtrise architecturale pour dessiner une villa géométrique bien proportionnée, élégante et bien rythmée. Il lui faut aussi un certain volume, des dimensions assez
importantes  pour ne pas ressembler à [une simple boîte cubique].»

Il insiste d’une voix grave : « Je suis très inquiet pour l’avenir ! Ca devient du grand n’importe quoi ! Le
moindre constructeur s’est lancé dans un choix de produits qu’il réussit à présent rarement lui-même ! (…) Il ne suffit pas de dire oui à un client et  accepter de lui construire un
logement, une maison cubique! C’est honteux, c’est une forme de vol intellectuel ! Car en acceptant tout, on oublie forcément la notion d’intégration et de volumes qui font partie d’un code, même
d’une éthique souvent délaissée par de nombreux architectes, maîtres d’œuvre, ou constructeurs !

Ces Villas Géométriques ne peuvent s’implanter n’importe où : c’est très clair ! Ce n’est pas un exercice de
style ; un professionnel de l’architecture se doit d’avoir des certitudes, d’en sentir certaines évidences.

Lorsque je vois le curieux spectacle de ces constructions dans des lotissements où se côtoient à la fois des
maisons modernes aux proportions traditionnelles et des villas géométriques enduites en blanc, je considère qu’il y a une évidente  faute de style ! Pour ma part une Villa géométrique ne
peut pas être imaginée au fin fond de la campagne avec des champs à perte de vue : c’est inconcevable ! Elle a besoin d’un décor qui l’entoure immédiatement.

Il lui faut presque un décor sur urbain, une enveloppe très riche en végétation, un endroit où son
implantation s’impose presque naturellement !

 
Je ne veux plus faire de compromis là-dessus ! Même s’il m’était peut être arrivé de me tromper : c’est
justement par rapport à ces quelques implantations pour lesquelles j’ai un doute, que je me refuse à avoir un raisonnement qui ne se veut pas urbanistique !  Je parle même d’un raisonnement
qui se veut respectueux du patrimoine.»

 

DSCN1941-copie.jpg

Il poursuit : «  Tant pis si cela augmente pour nous la difficulté de réflexion et de
création. C’est preuve d’honnêteté! 

* Institut d’arts et de métiers fondé en 1919, qui désigne un courant artistique concernant, notamment,
l’architecture et le design.

 

 

Share Button